18.1.12

the girl with the dragooooon tattoo

Le générique en est sans discussion  l’un des plus beaux que David Fincher ait jamais realise. Un noir fluide(petrole? encre? sang?) peu à peu recouvre chaque chose: c’est toute la boue du monde.  Elle s’agglutine là, sous nos yeux, pour former un être composite, un ange noir et vengeur portant le plus délicieux des noms : Lisbeth Salander. Car  David Fincher pose d’emblée les enjeux de son film, indique fièrement que la seule chose qui l’intéresse dans cette adaptation du roman culte de Stieg Larsson, c’est la fille, la fille du titre original : The Girl with the Dragon Tattoo.

Le reste, les crimes, l’enquête, l’enquêteur, ça fait partie de la commande. Bien sûr, il le traitera, sérieusement, comme toujours. Mais le cœur battant de son Millénium, la vraie raison qui l’a poussé à accepter ce nouveau film de serial-killer – après les pourtant définitifs Seven et Zodiac, et après une première adaptation, suédoise, pas honteuse, d’un livre que tout le monde (sauf l’auteur de ces lignes) a visiblement lu –, la seule raison, donc, c’est Lisbeth et l’actrice qu’il a choisie pour l’interpréter, Rooney Mara. Vénéneuse, surpuissante, insaisissable, machine désirante (et désirable), fantasme de geek fait chair.
Fincher, cinéaste de mecs, n’a que rarement donné le premier rôle à des femmes, et le reproche lui en fut d’ailleurs souvent fait .
 Cette fille, ici, est la reine des hackeuses, une espèce de détective privée connectée que des firmes engagent pour espionner la vie privée de leurs concurrents ou futurs employés.
Par ricochets, elle est amenée à collaborer avec Mikael Blomkvist, un brillant journaliste d’investigation (Daniel Craig, qui ramène un peu de son James Bond), sur une vieille affaire de meurtre rituel au sein de la haute bourgeoisie suédoise.
La première moitié du film  nous présente les deux personnages en montage parallèle, occupés à leurs affaires, chacun de son côté.
Le whodunit glacial côtoie la chronique d’un quotidien suffocant. La déliquescence du vieux monde résonne avec la pourriture du système d’exploitation (au deux sens du terme, social et informatique).
Et puis, soudain, l’étincelle jaillit : la réunion des deux personnages dans le même plan. Dès lors, le film accélère, s’emballe, aussi sûrement que le chat Blomkvist fait défiler les photos-indices sur son Mac (comme un remake de Blow up sponsorisé par Steve Jobs), tandis que la panthère Lisbeth, pure créature numérique, ingurgite du data nuit et jour.
Les notes désaccordées s’accordent, l'analogique se cale sur la vitesse folle des réseaux, l’alchimie entre les deux corps se produit! Et c’est sublime, prodigieusement beau et intelligent!
Mais cela ne dure qu’un temps. Car, très vite, à l’issue d’un épilogue hitchcockien trace en quelques plans tragiques, chacun retourne dans son monde, la mine fatiguee...

La nuit bat son plein. La rue est vide. That’s no country for young girls.

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