30.12.25

Una bataille après l’autre : rire, chaos et manteaux gris à volonté. Penn flambe, Del Toro brille, DiCaprio survit

 DiCaprio intense, Penn monstrueux et un peu de gris



One Battle After Another met en scène le French 75, 

un groupe révolutionnaire officiellement terroriste 

et officieusement allergique à la couleur.


Ils combattent le fascisme, l’oppression et manifestement toute forme de joie,
en faisant sauter des choses avec une foi idéologique à faire pâlir un manuel de théorie politique.

Seize ans après leur quasi-anéantissement et une longue planque dans des décors uniformément gris, un vieil ennemi revient, rancunier, obsessionnel, prêt à relancer la machine:

 explosifs, traumatismes, non-dits. Tout est là.

Dès les premières minutes, le déjà-vu s’installe.
Pas le mauvais — le déjà-vu cinéphile.
Celui qui murmure :

« C’est brillant, politique, drôle, bien foutu… et je l’ai déjà vu. Plusieurs fois. »





Le scénario est vif, intelligent, souvent hilarant.
Mais les gestes, les silences, les regards lourds de sens sentent le recyclage de luxe.
C’est excellent, oui — mais même les chefs étoilés peuvent réchauffer des restes.

Anderson fonce pied au plancher.
Le film est rapide, sûr de lui, tranchant,
comme une conférence brillante donnée par quelqu’un qui méprise PowerPoint.



C’est politique sans être moralisateur, 

ironique sans être lâche,

et ça tire joyeusement sur tous les camps. 

Pas de sermons. Juste du chaos bien pensé.


Le casting est obscène de talent.
DiCaprio fait du DiCaprio (intense, drôle, récompensable).
Chase Infiniti marque. 


Teyana Taylor surprend. Regina Hall tient la ligne.


Et Sean Penn…
Sean Penn est monstrueux.
Drôle, terrifiant, charismatique.
En Colonel Lockjaw, il incarne l’extrémiste parfait : celui qu’on déteste, mais qu’on ne quitte pas des yeux.

Benicio del Toro, génie chaotique, vole chaque scène et mériterait à lui seul un spin-off, une série, ou simplement plus de temps à l’écran.


Techniquement, c’est irréprochable.
160 minutes sans creux.
Une mise en scène impériale.
Des plans-séquences qui flexent.
Une musique qui te manipule sans demander ton consentement.

Et pourtant… ce gris...
Toujours ce gris...
Manteaux gris. Murs gris. Âmes grises.


Je comprends le symbole. Mais le monde va déjà mal.
À un moment, je ne voulais plus la révolution —
je voulais juste une lampe avec une ampoule chaude.

One Battle After Another est un cri politique, long, intelligent, drôle, épuisant.
Un rappel que le passé colle à la peau, que les raccourcis détruisent l’avenir,
et que la planète n’est pas à nous.

Brillant.
Lourd parfois.
Impeccablement fait.

Mais la prochaine fois, Paul —
un peu moins de déjà-vu.
Et pitié… un peu moins de gris.



Giulia Dobre
Bucarest, 29 décembre 2025

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